L'habitat moyen à Moscou

Les restes du communisme se retrouvent encore aujourd’hui dans la vie quotidienne des russes. L’habitat en zone urbaine en est un exemple fort : la plupart des moscovites vivent dans un de ces innombrables immeubles en périphérie de la ville, qui ne cesse de s’étendre. Riches ou moins riches, d’origine et de milieux divers, partagent pour la plupart le même type d’habitat : Moscou est la ville la plus chère du monde, et peu de choix s’offre en matière de logement.

Ces nombreux immeubles découlent de modèles architecturaux décidés par l’état, dont on reconnaît les formes en fonction de la période de construction. Les immeubles des années 1950-1960 construits sous Khrouchtchev témoignent du début de l’architecture industrielle et de l’essor du béton. Les « khrouchtchovkis » comme ils sont appelés, se distinguent par leur petite hauteur limitée à cinq étages, des plafonds bas et des appartements tous identiques. Les immeubles de la période post-moderne 1970-1980, gardent la même rigueur dans l’aménagement intérieur tout en s’élevant de quelques étages, mais les styles des façades sont très disparates. Enfin les immeubles construits dans la période la plus récente 1990-2000, retrouvent une unité dans la construction, où le béton est toujours roi, dissimulé sous les couleurs pastel des façades.

Tous ces styles cohabitent et les immeubles encerclent toute la ville de Moscou formatant ainsi le paysage visuel des habitants. Leur austérité commune rappellent « l’utilitarisme forcené » et la rigueur héritée des principes constructivistes : limiter la forme au nécessaire. Aux quatre coins de la ville on ne distingue que des immeubles à perte de vue, toujours les mêmes, dans ces banlieues rythmées entre béton et terrains vagues. L’essentiel des activités qui y prend place se concentre autour de petits commerces ou de grands centres commerciaux qui fleurissent en périphérie. Les moscovites n’ont, en dehors du centre ville, que peu d’endroits pour se retrouver. Aux beaux jours, ils se retrouvent par petits groupes pour boire ou discuter au pied de leurs immeubles.

Ces habitations toutes semblables renferment pourtant des réalités très différentes, entraînant un mélange des classes sociales dans ces habitats. Les russes ont peu à peu vu évoluer leur pouvoir d’achat, sans pour autant avoir le temps de changer leurs habitudes, notamment en ce qui concerne leur logement. Des écarts se sont ainsi creusés entre la population au sein d’un même groupe d’immeubles. Ces ensembles abritent des appartements aux finitions très diverses. Livrés clés en main en état « brut », l’aménagement intérieur est confié à des sociétés extérieures pour ceux qui en ont les moyens. Les appartements sont ainsi très inégaux entre ceux des « nouveaux riches » et ceux qui ont été attribués par les services sociaux de la ville. Ce qui pourrait alors s’apparenter d’extérieur aux modèles de nos cités est ici un lieu de mixité inattendu, où l’on peut parfois voir un multimillionnaire partager le même palier qu’une famille de cinq personnes qui vit dans un deux pièces…

Les portraits des moscovites rencontrés au pied de leurs appartements témoignent, au contraire des bâtiments, d’une certaine diversité et de la vie sociale qui prend place au milieu des tours lors de leurs rencontres improvisées.

1950-1960

1970-1980

1990-2000

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